Curzio Malaparte, de son vrai nom
Kurt-Erich Suckert, (né le
9 juin 1898 à
Prato en
Toscane, mort le
19 juillet 1957 à Rome) était un écrivain, journaliste et diplomate
italien.
Jeunesse
Né en
Toscane de père allemand, Kurt-Erich Suckert fut, très jeune, éloigné de ses parents pour être élevé par de pauvres paysans. Kurt renonce à son nom allemand et adopte celui de Curzio Malaparte. Malgré de brillantes études et son jeune âge, il choisit de se mettre en danger et s'engage, dès
1914, dans l'armée française. Il s'échappe du collège Cicognini où il faisait ses études classiques, traverse à pied la frontière à
Vintimille et s'engage comme volontaire dans l'armée française à seulement 16 ans, trichant donc sur son âge.
Il est blessé en Argonne et décoré de la croix de guerre avec palme. Il combat ensuite sur le front italien où il est blessé aux poumons. Sa période d'après-guerre est tumultueuse, entrecoupée d'amours et de duels (notamment avec le socialiste Pietro Nenni et le futuriste Mario Carli). Par la suite, il entame une carrière diplomatique qui le conduira à Varsovie, mais qu'il délaisse pour le Journalisme et la Littérature.
Il changea son état civil en 1925 pour Curzio Malaparte après avoir lu un pamphlet de 1869 intitulé “I Malaparte e i Bonaparte”.
Carrière littéraire et politique
Les mots vont lui permettre d'exprimer ses idées politiques -
Viva Caporetto et
La Révolte des saints maudits sont d'ailleurs censurés. Les convictions de Malaparte sont si profondes qu'il est persuadé que le collectivisme russe et l'individualisme italien ne sont pas antinomiques et que, ensemble, ils déboucheront sur une société nouvelle.
Il adhère alors au parti fasciste et devient pour un temps un théoricien du fascisme alors qu'au sein du mouvement, les partisans du courant strapaese (retour à la nature) et le courant Stracittà (futuriste et technologique) s'opposent. Malaparte ne prend pas parti et tout en écrivant des articles strapaese pour le journal Il Selvaggio, il fonde simultanément la revue 900 (cahiers d'Europe et d'Italie), revue intellectuelle et d'avant-garde à laquelle collaborent aussi bien Pablo Picasso que James Joyce ou des dadaistes comme Soupault.
Ses relations avec le fascisme se détériorent lorsqu'il se revendique du fascisme révolutionnaire de 1919 et qu'il dénonce les dérives réactionnaires de Mussolini, notamment dans L'Italie contre l'Europe (1923), Monsieur Caméléon (1929) et Le soleil est aveugle (1941), où il condamne l'agression italienne contre la France.
Le changement d'état civil est officialisé en 1929. Ses papiers d'identité ne feront plus mention de Kurt Suckert, mais de Curzio Malaparte.
Dans son livre, "Technique du coup d'Etat" qu'il publie en 1931 en France chez Grasset, il dénonce également la montée au pouvoir d' Adolf Hitler et des nazis. Il va payer sa liberté d'écrivain au prix fort. Non seulement son livre est interdit de publication en Italie et en Allemagne (où il est utilisé par la campagne électorale socialiste contre Hitler), mais Malaparte est confiné aux îles Lipari, durant cinq ans.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, il est envoyé en reportage comme correspondant de guerre de l'Axe sur le Front de l'Est en 1941. Malaparte envoie ses articles en Italie, mais leur teneur polémique le fait arrêter et assigner à résidence par les Allemands. Il cache alors le manuscrit de Kaputt chez des amis sûrs, à travers toute l'Europe. À partir de cette époque l'écrivain rompt définitivement avec le fascisme et ne retourne en Italie qu'à la chute de Mussolini en 1943, où il participe aux combats pour la libération de son pays au sein de la division de partisans "Possente".
Il fait publier Kaputt en 1943, peu après le débarquement allié de Salerne. Ce livre raconte, avec un humour féroce, son expérience de correspondant de guerre à l'Est. Il constitue un témoignage cruel et réaliste de cette période. Avec La Peau (1949), Malaparte met en scène la libération d'une Italie affamée face aux armées américaines qui découvrent l'Europe. On retrouve l'humanisme baroque et désespéré de l'auteur et les grands thèmes malapartiens : la honte, le dégoût et la pitié.
Fin de vie
Malaparte se signalait souvent par toutes sortes d'originalités. À
Capri, contre l'avis général, l'écrivain fait construire en 1937 sa villa loin de toute voie de communication terrestre: c'est la fameuse
Villa Malaparte. En guise d'ultime provocation, en
1957, sur son lit d'hôpital, à l'aube de son décès d'un cancer, il adhère au parti communiste et lègue sa célèbre maison à la République populaire de Chine.
Malaparte disait, à propos de son pseudonyme : « Napoléon s'appelait Bonaparte, et il a mal fini : je m'appelle Malaparte et je finirai bien. »
OEuvres
- Sodome et Gomorrhe (1931)
- La technique du coup d'état (1931)
- Une femme comme moi (1940)
- Kaputt (1944)
- Le bal au Kremlin (1945)
- Le soleil est aveugle (1947)
- Le Christ interdit (film sorti en 1951)
- La peau (1949) (adapté au cinéma en 1981 par Liliana Cavani).
- Ces sacrés Toscans (1956)
- Il y a quelque chose de pourri (1959, posthume)